Vous avez déjà tous entendu quelqu’un dire qu’il n’avait pas assez travaillé sa batterie pour entretenir sa “mémoire musculaire”, qu’il s’emmêle encore les pinceaux dans un rythme. Mais arrêtons nous 2 secondes : La mémoire musculaire, franchement de qui se moque-t-on ? Depuis quand les muscles auraient-ils de la mémoire ? En plus avec cette expression, on aurait tendance à croire que c’est quelque chose qui se passe dans les muscles, un peu comme quand on fait de la muscu, on devient plus fort physiquement, et là en travaillant ses rythmes en le répétant encore et encore, on travaillerait “notre mémoire musculaire” ?
Cette croyance, c’est un vaste tissu d’âneries (pour rester polie), en fait ce n’est pas du tout dans les muscles que ça se passe !
La répétition au service de l’apprentissage
Tout le monde le dit, je l’ai dit, les profs vous l’ont dit, des batteurs plus expérimentés le disent : la répétition est la clé de l’apprentissage, et à la batterie encore plus que dans d’autres disciplines.
Là où les profs (des écoles ou autres) le savaient à l’intuition, la science a apporté un nouvel éclairage et à surtout permis de comprendre ce qui se passe dans notre cerveau, lorsqu’on répète encore et encore la même chose.
Dans le livre de Daniel Coyle “Talent Code : greatness is not born it’s grown“, on apprend ce qui se passe dans notre corps pendant ces répétitions, et pourquoi répéter toujours les mêmes gestes nous font devenir meilleur.
Je l’ai déjà évoqué, à la batterie, un batteur devient musical lorsqu’il passe en mode pilote automatique, c’est à dire lorsqu’il n’a plus besoin de réfléchir à comment jouer un rythme, mais plutôt ce qu’il va jouer. C’est comme marcher ou courir, enfant il faut se concentrer sur chaque pas, mais après quelques mois, le bébé est capable de marcher sans réfléchir si bien qu’il se met presque à courir.
La myéline au service de votre batterie
Pour comprendre pourquoi la répétition nous aide à apprendre et aussi pourquoi parfois
ce qui était difficile hier nous apparaît facile aujourd’hui, il est nécessaire de comprendre un peu comment le cerveau fonctionne.
Pour chaque mouvement, par exemple un coup de caisse claire à la main droite, le cerveau émet une série de signaux électriques qui vont se propager via les nerfs jusqu’aux muscles.
Pour émettre ces signaux, le cerveau a besoin de connecter les bons neurones entre eux. C’est lorsque les meilleurs neurones dans une situation donnée auront produit leurs signaux au bon moment que le meilleur signal possible sera envoyé à tous les muscles impliqués dans ce mouvement précis.
Lorsqu’on répète un mouvement encore et encore on active toujours le même réseau de neurones et les connexions entre ces neurones s’en retrouvent renforcées.
En effet, une molécule, la myéline, sert d’isolant à ces connexions, comme la couche de plastique autour d’un câble électrique. Et plus la même connexion est utilisée plus cette connexion est “myélinisée” ce qui veut dire que cette connexion, ce chemin entre deux neurones, est mieux isolé.
Et dans un fil bien isolé, l’influx électrique se propagera plus rapidement et le signal est de meilleure qualité.
Pour mieux comprendre, imaginons que chaque neurone est un petit village, et qu’il existe un très grand réseau de tous petit chemins forestiers permettant d’aller de l’un à l’autre. Répéter une action de nombreuses fois ça revient à agrandir ces chemins, les rendre carrossable avec une remorque à chevaux, puis en persévérant de voir le premier bitume apparaître. Et forcément on peut faire passer plus de choses sur une route bitumée et plus rapidement que sur un chemin forestier étroit.
On ne peut pas désapprendre!
Une fois les connexions “myélinisées”, ont ne peut pas les “dé-myéliniser” ce qui veut dire qu’on ne peut pas désapprendre et c’est ce qui explique pourquoi il est si difficile de se débarrasser d’une (mauvaise) habitude !
Pour corriger une mauvaise habitude il est nécessaire de construire une route plus large pour la nouvelle habitude prenne le pas sur l’ancienne.
Les bonnes pratiques ça s’entretient
On ne peut pas désapprendre mais si on arrête pendant longtemps ça n’est plus aussi facile que si on en fait tous les jours. Pourquoi cela ? Et bien la myéline est un tissu vivant qui se détériore avec le temps, tout comme le bitume cède la place aux crevasses et touffes d’herbe s’il n’est pas entretenu.
Mais il sera plus facile de repartir d’un bitume usé pour en refaire une belle route que de recommencer une route à neuf à partir d’un terrain en friche. Vous l’aurez compris un batteur qui a pratiqué pendant 20 ans, s’est arrêté pendant 10 ans aura quand même beaucoup plus de facilités qu’un débutant complet.
Maintenant vous savez ce qu’il vous reste à faire ! Arrêtez moi tout de suite cet ordinateur, et allez vous mettre derrière votre batterie, vous progresserez davantage !
C’est ce que le livre Talent Code m’a enseigné, c’est qu’il ne suffit pas de savoir faire une fois une chose pour la maîtriser, il faut la répéter, répéter, pour que la myéline s’installe et que ce soit tellement facile qu’il n’y ait plus besoin d’y penser.
Alors, à votre tour, dites-moi combien de fois allez-vous répétez vos prochains morceaux ou exercices ? (Dans le stick control, c’est 20 fois minimum la ligne!)
Et n'oubliez pas de partager l'article ! 🙂
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Hello Magalie,
Content de te retrouver dans les articles de ton blog ! Je suis bien d’accord avec toi et j’aime bien le parallèle avec les routes 😉
Je suis complètement d’accord avec toi pour la répétition. C’est valable pour tous les instruments et tout ce que l’on apprend de manière générale. J’essaye de l’expliquer à mes élèves mais malheureusement ça ne suffit pas toujours. Difficile de se “forcer” à répéter encore et encore.
20 fois je pense que c’est un minimum. Ça dépend des passages mais parfois, on peut aller beaucoup plus loin pour bien imprimer.
J’ajouterai quand même que la répétition n’est pas une solution idéale si elle est mal utilisée. Je m’explique.
Comme tu l’as dit, lorsque l’on construit un réseau de neurones pour une mauvaise habitude, difficile de s’en détacher. Donc si on commence dès le début à répéter et encore répéter on risque de se planter.
Il faut donc faire ça de manière intelligente ! Il faut COMPRENDRE ce que l’on a à répété. Il faut VISUALISER et SENTIR ce qu’il va falloir mémoriser.
Trop souvent, à l’école, on nous conseille de réciter des milliers de fois nos récitations , nos mots de vocabulaires, nos cours… mais au final c’est peine perdue. On passe un temps fou à apprendre et on fini par ne plus s’en rappeler sur le long terme.
Il faut apprendre intelligemment avec des techniques de mémorisations efficaces. Et ensuite répéter régulièrement.
Et le mieux, en suivant la “courbe de l’oubli”. Ce qui est neuf s’oublie vite, il faut donc répéter souvent au début. Par contre, au fur et à mesure, on a besoin que de quelques piqures de rappel 🙂
Bref, j’arrête là, je ne vais pas faire un 2ème article dans les commentaires de ton article !!
Merci 🙂
Fabien Articles récents..La limitation utile en guitare
Hello Fabien !
ca faisait aussi un bail que je ne t’avais pas vu trainer par ici.
Donc en effet, difficile d’échapper à la répétition pour vraiment apprendre, et OUI au risque d’apprendre de travers ! Si on répète quelque chose d’incorrect, on l’apprend FAUX et ensuite c’est encore plus dur de corriger le tir.
En ce qui concerne les répétitions, en fait je pense qu’il faut pense ça comme quelque chose de ludique, on est pas obliger de se farcir 30 min du même rythme, joué de la même manière, non stop, on peut fractionner, jouer d’abord lentement, puis au métronome, puis sur de la musique, c’est toujours le même rythme, mais on le répète de différentes façons.
L’erreur c’est de croire que parce qu’on l’a vu une fois, on sait le faire … alors qu’il faut revisiter ce qu’on croit savoir encore et encore pour vraiment les intégrer de sorte qu’ils fassent parti de notre système.
Hello Magalie très intéressant ton article !
Afin d’aller un peu plus loin dans la théorie sur l’apprentissage du cerveau, il faut savoir que de penser à quelque chose revient à faire cette chose ( pour le cerveau j’entends) .
Donc quand vous pensez à un rythme de batterie, en fait vous le pratiquez.
J’ai rencontré de très grands musiciens qui ne pratiquaient quasiment plus que de cette façon, très pratique lors des tournées qui impliquent de longs ( très longs ) voyages en avion 🙂
C’est génial ce truc parce que cela permet de progresser sans son instrument simplement grâce à la passion qui vous anime !
Encore merci pour ton article !
Xavier Articles récents..Ce que les stages de musiques m’ont apporté
Salut Xavier,
J’ai lu ça aussi !
Mon problème c’est que parfois je joue des fills pendant la nuit et ça m’empêche de dormir….
GRRRRR
😉
Faut ptete que je fasse un break avec la batterie moi… argh, non! pas un break! Bref, une pause, arrêter la batterie un jour ou deux 🙂
Laurent Articles récents..[Interview] 2 mois seulement pour développer un jeu à tomber sur le cul
Et bien écoute, en parlant de pauses, il m’est arrivé de faire des pauses assez longues pour la pratique de mon instrument , et cela s’est en fait avéré plus que positifs !
Quand on travail beaucoup une chose en la répétant , on se ferme aux autres possibilités, la créativité s’essouffle et on finit par jouer ou travailler sans cesses les mêmes choses .
Bref les longues pauses sont tout aussi recommandées que les longues sessions de pratiques …
Xavier Rogé Articles récents..Le Rim-knock : de la créativité dans votre son
Salut Magalie
J’aime bien l’explication de la mémoire musculaire et surtout c’est comme ça que le débit électrique fonctionne.
Pour ma part je fais de la neuropathie dans le 4e et 5e doigt de la main gauche dû au 8e nerf qui était comprimé depuis très longtemps dans la moelle épinière, et c’était une très grosse hernie qui comprimait le 8e nerf.
Quand ils m’ont fait la greffe et qu’ils ont réussi à décomprimer le nerf, il s’en a résulté que le nerf était en très mauvaise état et la neuropathie que j’ai dans les doigts est dû à la mémoire du nerf qui se pense encore comprimer donc il continu à brûlé et a être très douloureux.
Donc évidement je sais très bien se que tu explique sur ton blog.
De plus j’ai 54ans j’ai joué de la batterie de 16 ans à 19 ans et j’ai arrêté d’en jouer pendant presque 20 ans. Je n’avais pas de technique et je jouais à l’oreille et à l’intuition et surtout avec des mauvaises habitudes.
À 41 ans je me suis acheté une batterie acoustique et j’ai recommencé à jouer de la batterie avec des copains musiciens. J’arrivais à jouer mais j’étais limité.
J’ai pris la formation débuter la batterie en 48 heures avec Laurent de batterie en ligne, et j’ai changé ma façon de tenir mes baguettes car avant je tenais mes baquette de façon américaine. Et pour ma main la façon français me convenais mieux et moins douloureux pour ma main gauche.
J’ai travaillé énormément la technique de la pince ce qui m’a renforcie les doigts. La souplesse de mes poignets.
En suivant tout la formation et en pratiquant à toute les jours j’ai deviens de plus en plus le joueur de batterie que je voulais être.
J’ai élargie les routes comme tu dis si bien, construire une route plus large pour la nouvelle habitude prenne le pas sur l’ancienne. Et c’est que j’ai fais.
Maintenant je travaille d’avantage ma main gauche car les est douloureuse et j’arrive avec tous les efforts de la rendre comme la main droite, mais elle a de la misère. Mais je sais très bien qu’elle va être aussi forte que la main droite.
Pour amélioré mes rudiments et ma force dans mes mains je regarde la télé, et j’ai toujours mes baguettes dans mes mains et je pratique sans cesses les paradiddles sur mes cuisses ou sur un coussin.
Avec ça j’ai pris énormément de vitesse et ça fait travailler ma mémoire musculaire.
Merci pour cette article elle est très intéressent et vrai.
Mario
Hello Mario !
bienvenu sur Batteur Débutant, et merci pour le partage de ton histoire. Très bonne habitude que tu as là de faire des rudiments devant la télé!
Toujours un plaisir de te lire Magalie !
Personellement, je suis toujours étonné de la magie du cerveau. Et plus particulièrement de ce qu’il fait durant le sommeil.
Combien de fois j’ai buté sur certains exercices pour me réveiller et constater que mon cerveau à fait une partie du travail pendant la nuit.
Pour la répétition c’est effectivement essentiel. Mais comme dit dit plus haut, il faut le faire intelligemment. Et c’est là où c’est difficile. En fait il ne faut pas penser “plan” mais “système” comme tu l’as dit. Et c’est là où est l’un des risques de la répétition : savoir faire un plan comme robot et ne pas savoir en sortir.
Excellent cet article !
Maintenant je vais pouvoir enfiler ma blouse blanche et expliquer à mes élèves que leur difficultés sont simplement dues à un manque de myéline. Préconisation : ré-pé-ter les exercices !
En tout cas, super pédagogie pour expliquer tout ça. J’adore ce genre d’articles. J’en veux plein d’autres 😉
Laurent Articles récents..[Interview] 2 mois seulement pour développer un jeu à tomber sur le cul
EXCELLENT ARTICLE!!! par contre pour ce qui est de jouer devant la télé, pas possible, ma chérie pète un câble!!! lol depuis que j’ai recommencé le batterie il y 2 mois au bout d’une pause de 30ans( vous croyez Xavier et Laurent que c’est suffisant comme pause?? mdr) , je ne vis que pour la batterie …. la pôôôvre!!!).
vidéo, blogs, forums,entrainements, etc….. pffffffff à fond, à fond!!
Je suis un jeune batteur débutant de 61 ans, je n’avais jamais touché à une baguette en novembre dernier.
Ayant un métier prenant, je ne travaille pas suffisamment à mon goût la batterie.
La myéline est la gaine des câbles que sont les axones de nos neurones…
L’apprentissage, et donc la répétition, sert à faire des connexions entre les neurones au niveau de notre substance grise.
La myéline est dans la substance blanche.
En effet, la memoire musculaire decrit juste la capacite qu’ont les muscles a se refortifier plus facilement/rapidement que la toute premiere fois ou ils ont ete developes… comme pour l’hysteresys magnetique. Et la batterie n’est pas que musculaire ! Pour ce genre d’hysteresys le physiologique compte aussi mais lui aussi est secondaire car tout ne s’inscrit pas dans la mieline. Il est important pour l’amelioration mais pas plus ni moins qu’un muscle car le muscle s’adapte aussi qu’on le veuille ou non, meme si a l’echelle de la sensation courante c’est aussi negligeable que le poids du stick compare a un bras ou une jambe… Lorsque vous oubliez le comment ou telle phrase, ce n’est pas non plus la mieline qui peut faire quoi que ce soit pour retrouver… Alors ou intervient elle de facon determinante ? Comme l’explique cet auteur c’est au niveau de la retransmission de l’intention l’action physique, qui lorsqu’elle est habituelle se traduit corporellement afin de pouvoir autant faciliter qu’optimiser tels gestes ou combinaisons. Bien entendu, de mauvaises habitudes peuvent tre optimisees… d’ou l’importance de la reflexion sur la repetition pourtant incontournable, afin de corriger progressivement cette memoire ou enregistrement physiologique. Cela reduit la notion de talent a celle de la velocite ou de la capacite a effectuer quelque chose sans trop y penser. Ces aptitudes sont les plus reconnues mais selon moi elles ne sauraient vraiment considerer le talent a sa juste valeur. Par exemple, il y a la creativite, qui ne produit rarement qu’en situation d’habitude ou de rapidite… et le plus important de tout en batterie comme pour d’autres instruments : le secret de l’apprentissage n’est pas dans cette formation de mieline qui par ailleurs peut varier d’un individu a l’autre ayant exactement le meme entrainement. Ce secret est dans la capacite et le developpement de pouvoir faire d’autre chose donc justement avant cette consequence qui vous facilite la vie dans des contextes specifiques. Un peu comme en musculation, la force ne depend pas du volume meme si a un certain niveau de force, le muscle sera forcement visiblement proeminent. Et la encore il ne s’agit pas de developper vos muscles les plus developpes mais surtout les plus faibles pour renforcer/harmoniser le tout. Donc cette formation de mieline est importante mais n’a pas grand chose a voir avec le talent ou le developpement d’un talent. Juste l’expression d’une capacite ou d’une aptitude… ou alors d’un talent tres restreint de l’ordre de l’automatisme ou du bon reflexe. Le talent ne se mesurera jamais de la sorte a moins de faire des raccourcis ou des restrictions sur des talents d’ordre biologique… Par contre, il s’exprime et se traduit en arrire plan biologiquement et l’observation scientifique, en contredisant les faussent ides, n’ajoute ni n’enleve quoi que ce soit a l’apprenti sage qui sait bien s’couter avant d’couter les autres musiciens.