Jouer de la batterie … à la manière de Gavin Harrison
Pour la 15aine de la batterie, j’ai décidé de mettre à l’honneur un batteur plébiscité par les lecteurs et que j’aime moi aussi beaucoup : Gavin Harrison. J’ai d’ailleurs eu l’immense joie de le voir en concert en 2008 au Luxembourg.
Gavin Harrison est un batteur anglais, qui a commencé la batterie à l‘age de 6 ans. Il a dû être influencé par son père, un jazzman trompettiste et batteur à l’occasion. Dès l’age de 11 ans il prend des cours avec Joe Hodson, qui lui inculque les bases de la batterie et aussi un solide sens du rythme.
Il débuté sa carrière de batteur professionnel à l’age de 16 ans et ne s’est jamais arrêté depuis.
Principalement orienté studio, il est aussi connu pour être, depuis 2002, le batteur du groupe de rock progressif Porcupine Tree. Je vous conseille notamment les albums in Absentia, Fear of Blank Planet et The Incident. Et pour moi, les titres qui me collent dans les oreilles toute la journée : Blackest Eye et Strip the Soul.
Gavin a aussi rejoint depuis 2008 un autre groupe britanique : King Crimson.
En plus de ses séances studio et de ses deux groupes, Gavin Harison est surtout connu pour avoir lancé ses méthodes d’apprentissage de la batterie : Rhythmic Illusions, Rhythmic Perspectives, et Rhythmic Design ainsi que des DVD pédagogique : Rhythmic Visions et Rhythmic Horizons.
Rhythmic Illusions est reconnu dans le monde de la batterie comme une méthode de référence pour ajouter de la créativité dans votre jeu sans pour autant le complexifier.
En 2010 il reçoit, pour la 4ème année consécutive, le titre de “meilleur batteur progressif” des lecteurs de Modern Drummer.
Le Style Gavin Harrison
Gavin Harisson se définit lui-même comme quelqu’un toujours à la recherche du groove qui colle le mieux à la musique. Il compose ses grooves en faisant varier les coups là ou normalement on ne les attend pas, mais toujours dans l’optique de rendre service à la musique. Il préfère découvrir de nouveaux horizons rythmiques plutôt que faire un déballage de techniques. Donc plutôt que de puiser dans toujours le même catalogue de rythmes maitrisés, il essaie de se réinventer perpétuellement.
Il explique dans cette vidéo comment il a composé la partie rythmique de Bonnie the Cat
Et le relevé de Halo de Porcupine Tree ci-dessous illustre parfaitement comment Gavin peut jouer de façon tout à fait décontractée un rythme de signature rythmique impaire complexe. En fait la plupart de ceux qui écoutent ce morceau en balançant la tête sur ce groove ne remarquent même par les passages entre les phases en 9/8 et 4/4.
La clé réside dans un accent bien placé sur tous les seconds coups sur le charleston, il aide ce rythme à se dérouler tranquillement et parvient à lier ces changements de signature rythmique ensemble de façon harmonieuse.
[mp3j track="
Halo@
gavinharrisonhalocut.mp3"]
Ce rythme est clairement au dessus du niveau débutant, il est néanmoins possible d’apprendre ce groove en le découpant en morceaux, les étapes sont expliquées sur Drummer World. Ah oui, un détail ce groove est joué à 192 à la croche 😉 !
Son Matos :
Gavin joue avec des cymbales Zildjan et sur un set imposant Sonor SQ2 Mapple composé de :
- un Tom 8×7″
- un Tom 10×8″
- un Tom 12×9″
- un Tom basse 15×13″
- un Tom basse 18×15″
- une grosse caisse 22×15″
- une caisse claire en bouleau 14×5″
- une caisse claire en érable12x5″
crédits photos ©Davide Leonardi
Ainsi s’achève la rétrospective Gavin Harrison. J’espère que vous avez aimé découvrir l’artiste autant que j’ai pris plaisir à écrire cet article. Dites-moi ce que vous en pensez dans les commentaires.
Et si vous ne savez pas quoi demander au Père Noël, vous pouvez toujours lui demander de glisser un exemplaire de Rythmic Illusion dans sa hotte 😉
Et n'oubliez pas de partager l'article ! 🙂
Cet article vous a plu ? Abonnez-vous à la newsletter, soyez le premier à être notifié d'un nouvel article et recevez GRATUITEMENT mon guide "12 conseils pour BOOSTER vos progrès à la batterie"
Bonsoir,
Et bien ce soir je tiens à te tirer un grand coup de chapeau pour ce très bel article sur un énorme batteur ! C’était un risque à prendre compte tenu des réactions concernant Gavin Harrison et tu as bien potassé ton sujet c’est génial. Je ne m’étais jamais penché sur sa “bio” et maintenant c’est chose faite grâce à toi.
J’ai découvert le personnage lorsqu’il a prit les commandes de la batterie de Porcupine Tree. Steven Wilson, leader du groupe et perfectionniste a su trouver le bon homme pour remplacer le déjà brillant Chris Maitland. J’avais quelques craintes car j’appréciais énormément le jeu très posé de ce dernier mais voilà après un album (In abstentia) qui n’est pas mon favori malgré quelques hit, c’est dans les albums suivant que Gavin Harrison a fait montre de son énorme talent et de son swingue de fou. La précision de ce mec est impressionnante. C’est de travail d’orfèvre et en live c’est du même acabit. J’ai tenté de travailler “The Sound Of Muzac” mais je me suis vite rendu compte qu’il fallait que je reste sur ma petite planète pour l’instant et laisser cet extraterrestre de coté.
Steven Wilson a toujours su bien s’entourer, sur la tournée de son dernier album solo c’est Marco Minneman qui officie aux fûts et il sera également sur le prochain album. Là aussi c’est du très très lourd ! Moins subtil que Gavin Harrison mais quand même quel niveau !
Même si c’est en effet difficile de jouer du Gavin Harrison je trouve intéressant de parler des batteurs sur un blog de batteur 🙂 Y’en a tellement d’excellent qu’il faudrait un blog dédié rien que pour ça mais quel bon choix. Encore un grand merci pour cet article.
François
Re-Bonsoir,
Juste envie de préciser que le passage du morceau “Halo” se situe à 2:30 environ. C’est pas le passage le plus technique mais ici on a l’exemple parfait de ce qu’on entend pas des “Odd Meters” (en anglais). C’est un travail très pointu et sur ton exemple Gavin arrive à faire passer ça très naturellement et à déchiffrer je n’imagine même pas le boulot ! En tout cas à mon niveau trouver le 9/8 suivi du 4/4 c’est juste inimaginable.
Le style de musique se prête très bien à ce genre de structure. La musique de Porcupine Tree est pleine de ce type de mesure. J’affectionne également ce genre de structure à travers Dream Theater et son batteur bien connu : Mike Portnoy. Il y’a une petite vidéo qui permet de comprendre un peu (en anglais) ce que ça donne à l’oreille : http://www.youtube.com/watch?v=no4luPP6t9c
Bon visionnage.
François
J’adore ce morceau “Halo” je l’écoutais justement en rentrant du travail tout à l’heure …
Un jour j’aurais la même batterie. J’ai déja la même ride et le charley dans une taille au dessus …….
Super article dans le sens où s’il permet à un batteur de découvrir maitre Gavin, ca valait le coup ! J’aurais aimé connaitre Porcupine Tree plus tôt …
Florent,
Ta dernière phrase est vraiment touchante. J’ai souvent ce type de réaction quand je découvre ou entend un groupe qui est soit séparé, soit ne fait plus de tournée ou autres… J’ai quelques exemples en tête comme Oceansize que je n’ai pas vu en live et maintenant ils sont séparés et que dire de Rush que j’ai découvert trop tardivement et qui ne passe par la France que tous les 20 ans ! Le plus important reste de les écouter et même si la discographie, très riche, de Porcupine Tree est constitué de différentes époques les derniers albums sont très bons. J’ai un faible pour “The Incident” qui est dans la veine de ce que j’apprécie le plus dans ce groupe mais je n’oublie pas les albums plus anciens comme “Signify” qui sonne Pink Floyd et que j’adore 🙂
François
Je viens juste de découvrir cet article et ce site du même coup. Captivant du début à la fin.
Juste un petit détail concernant le groove de Halo dont on a la partie transcrite plus haut : J’adore tous ces trucs compliqués !
Pour François notamment, c’est certes compliqué à jouer. Certes la technicité à avoir pour faire tourner les doubles est indispensable. Avec un métronome tu peux caler des mesures impaires tout en rééquilibrant à chaque fois la rythmique “rock” qui est respectivement un coup de caisse claire sur tous les temps pairs ( en 4_4 : 2 et 4). Ce qui donne un rythme complexe.
Le plus dur dans ce genre de musique c’est de comprendre comment sont formées ces mesures. La plus part du temps la basse et/ou la rythmique n’y sont pas pour rien dans le sens des syncopes à droites et a gauche.
Si tu veux caler des “grosses mesures compliquées”, Prend un morceau impair sans batterie si possible et grâce à une partition trouve tous les premiers temps et mémorise les. Etape 2 : Joue par dessus en gardant le Hi-Hat/Ride sur la croche (sauf dans certains cas où la mesure est en (13_16) mais ça c’est autre chose), ensuite tu envoie ton groove par dessus tout en faisant de ta polyrythmie l’accompagnement naturel de la mélodie.
Dit comme ça c’est du travail de titan mais en écoutant beaucoup de prog ou de jazz, tu commencera à avoir une notion personnelle du protocole qu’il faut avoir.
Après balancer caisse claire et grosse caisse en rapport avec la mélodie, ça demande de l’entraînement au niveau de l’indépendance des membres. Pour travailler ceci, (sans faire de pub ^_^) le dvd The language of drumming de Benny Greb ( je vais jeter de suite un œil s’il y a un article sur lui), est juste parfait.
Quentin
PS : Faut que je jette un œil sur les méthodes de Harrison !
D’ailleurs, the Sound of Muzak est à travailler en mesures de cycles (18_16 => 14_16) Ca aide à la compréhension de la rythmique qui est en 4_4 en fait.
Merci beaucoup Quentin pour tes commentaires. Depuis le temps j’ai travaillé un peu les plans du père Harrison et même si certains sont accessibles aujourd’hui il y’a encore des choses qui sont bien trop loin de mon niveau de débutant !
Je te conseille de découvrir les disques qu’il fait avec 05Ric 🙂 C’est assez phénoménal et son approche de la rythmique est vraiment intéressante.
François
Oui, c’est méchant ^_^
Impossible à jouer !! LOL