Pas toujours facile de savoir quoi travailler, dans quel ordre, mais aussi et surtout pourquoi travaille pour réussir à maîtriser la batterie.
Cela est encore plus vrai lorsqu’on parle des doigtés. Et on peut trouver un peu partout sur le net une liste quasiment interminable de doigtés à travailler.
Tellement interminable que la bien connue marque de baguette Vic Firth a édité il y a peu une liste de 40 rudiments. Et si n’en connaître que 5 serait tout aussi efficace ?
Quarante ! Impensable…
Quel sentiment s’éveille en vous à l’idée de devoir travailler 40 doigtés tous les jours de votre vie pour pouvoir maîtriser la batterie ?
Soit du découragement, soit l’envie d’abandonner directement l’instrument… encore plus si vous venez de débuter la batterie !
Personnellement, je vais vous révéler un secret : je n’ai JAMAIS travaillé ces 40 doigtés de ma vie !
Je suis pourtant parvenu à des résultats qui me semblent plus qu’honorable si vous connaissez un peu mon parcours. Et si vous ne me connaissez pas, je vous invite à visionner l’une ou l’autre de mes vidéos de solos où je m’amuse à improviser sur la batterie.
Cependant, j’ai travaillé mon instrument, cela va de soi, mais pas n’importe comment, et pas “comme tout le monde”.
C’est parti pour ma micro liste de doigtés indispensables !
Cet article est un article invité écrit par Xavier Rogé, batteur professionnel depuis plus de 20 ans et ayant joué sur l’Album “Illusion” d’Ibrahim Maalouf primé aux victoires de la musique. Il est l’auteur du blog Batteur pro
Les 5 doigtés indispensables à travailler pour maîtriser la batterie
Voici sans plus attendre la liste des 5 doigtés que j’ai travaillés pour développer ma technique et ma créativité :
D G
D D G G
D G G
D G D D G G
D G D D G D G G
Voila : bon travail ! Rdv dans 10 ans !
Non, je rigole : je vais déjà commencer par vous décrire ces doigtés, ce qu’on peut faire avec, mais aussi et surtout comment les faire évoluer vers d’autres choses …
1- Le Droite gauche DG
En haut de cette liste : l’incontournable frisé :
DG
S’ il y a un doigté connu et archi connu pour commencer la batterie c’est bien celui-là.
(Note de Mag : Voilà la photo d’un frisé qui a eu un impact considérable sur la musique, bon en vrai c’est pas facile de prendre un doigté de frisé en photo 😛 !)
Il permet notamment de travailler fortement le mouvement de vos poignets (et non de vos bras) grâce à l’alternance répétée des mouvements entre vos deux mains.
C’est également un excellent doigté pour prendre conscience de votre tenue de baguettes de batterie.
On peut également jouer des super rythmes composés d’accents de caisse claire comme le seben.
2- Le doublé DDGG
Viens ensuite le doublé ou “coups doubles”, comme on dit chez moi en Belgique ! (Note de Mag : on entend aussi parlé de “roulé” ou “papa-maman” en France … )
DDGG
Ce doigté peut être vu comme la démultiplication du doigté du frisé dans lequel le deuxième coup sera joué grâce au rebond de la baguette.
Et voici l’astuce pour décupler sa vitesse : en ne jouant les deux que dans un seul mouvement de poignet, on profite de l’énergie donnée à la baguette au premier coup pour que le deuxième coup devienne automatique.
5- Un doigté de trois coups DGG
Le troisième doigté de cette liste est un doigté impair : D G G. Il convient très bien pour se familiariser à l’emploi des triolets.
DGG
Et c’est un super doigté pour inverser les accents d’une phrase, pour vous déplacer sur les toms ou pour créer des mélodies fort harmonieuses sur votre batterie.
Le truc, c’est de déplacer la main droite sur le gros tom ou le petit tom, et de laisser la main gauche sur la caisse claire.
4- Le paradiddle-diddle DGDDGG
Viens ensuite le paradiddle-diddle ou en traduction belge : le “droite gauche droite droite gauche gauche”. (Note de Mag : On peut parler de “Moulin Doublé” ? Si qq’un connait le nom officiel, google m’a laissé tombé sur ce coup là )
Je préfère la version belge (sans l’accent), au moins on comprend tout de suite de quoi on parle 🙂 !
D G D D G G
Alors là, chers amis batteurs, je vais vous raconter une petite anecdote : le jour où j’ai découvert ce doigté, ma vie de batteur a changé.
Pourquoi donc me direz-vous ? Tout simplement car ce doigté est magique !
Si on décortique le doigté en deux parties, on voit que la première partie est composée du frisé (DG) et que la deuxième partie est composée du doublé (DDGG).
Si on commence à maîtriser tout doucement le frisé et le doublé, le doigté du paradiddle-diddle permet de littéralement exploser son palier technique en combinant les avantages des deux doigtés de base : la puissance du frisé et la vitesse du doublé. C’est donc un grand indispensable de votre futur répertoire de batteur.
Il permet en outre de jouer un swing bien sautillant si on place simplement sa main droite sur la ride et sa main gauche sur la caisse claire !
Bref, l’essayer, c’est l’adopter !
5- Le simple paradiddle
Difficile de passer à côté de celle-là : le doigté en moulin DGDD GDGG !
Reste le petit dernier de la bande des 5 légendes : le simple paradiddle : DGDDGDGG
Doigté pair comportant une inversion, c’est également un incontournable.
Le paradiddle est super pour apprendre à déplacer ses mains vers les toms, et jouer des rythmes hyper efficaces en quelques secondes…
Suivez ce tutoriel assez détaillé pour augmenter la vitesse du simple paradiddle si cela vous dit !
Pourquoi ne travailler que 5 doigtés ?
Vous me direz : tu es bien gentil avec tes 5 doigtés, mais il existe une infinité de doigtés à travailler sur la batterie pour pouvoir jouer ce que l’on veut.
Et bien je dirais que cela dépend du point de vue : si on regarde la première page du stick control (livre de référence sur les rudiments), on peut voir une liste de doigtés dithyrambique. Rien que la première page comporte 24 doigtés.
Et je ne parle que d’une seule méthode de batterie. Lister tous les doigtés jouables pour un enchainement de 16 coups prendrait déja plusieurs pages.
Oui mais :
Avez-vous fait attention à ce détail : la plupart des doigtés les plus complexes sont des combinaisons des 5 doigtés que j’ai listés plus haut ?
Comment sont-ils différenciés dans le stick control ou les autres livres ?
Essentiellement en décalant le doigté par rapport au temps, ou en combinant ces 5 doigtés de base.
Il y a certes quelques exceptions à cette règle, mais ce sont franchement et très honnêtement des doigtés que je n’ai JAMAIS travaillés, et je suis pourtant capable de jouer à des vitesses très impressionnantes.
Comment ai-je réalisé ce miracle ? Tout simplement en travaillant avec une grande minutie les 5 doigtés listés plus haut.
En faisant attention aux détails de la position de mes mains, de mes doigts, à la souplesse de mes mouvements, à la tenue de mes baguettes, à la qualité du son produit, à la fluidité de mes mouvements. Et cela uniquement pours ces 5 doigtés..
J’ai travaillé régulièrement et avec assiduité, et j’ai recherché à appliquer directement tous ces doigts sur ma batterie, sur les toms, sur les cymbales, en distribuant ces 5 doigtés de base un peu partout sur mon instrument !
J’ai porté attention à l’enchainement des coups de ces doigtés de façon à rendre leur exécution parfaitement naturelle, aussi fluide qu’une vague lorsqu’elle déferle sur une plage.
Combiner et remplacer pour développer les idées
Développer ses idées à partir de ces 5 doigtés de base
Une fois à l’aise avec ces 5 doigtés, j’ai également cherché à les combiner les uns avec les autres afin de créer des phrases asymétriques.
Comme vous aurez soigné votre technique en vous concentrant sur les mouvements et les enchainements essentiels, les autres techniques s’enchaineront à la vitesse de l’éclair.
Ex : combiner DG et DGG pour jouer un enchainement de 5 coups : D G D G G
C’est génial car cela crée des phrases complètement inattendues et cela permet d’explorer pleins de nouvelles possibilités.
Pour 7 coups, on combine le DGG et DDGG, ce qui donne DGGDDGG
Autre exemple : remplacer l’un des coups des 5 doigtés par un coup de grosse caisse ….
DGG devient DGP, le long ancrage du mouvement DGG (que vous avez normalement travaillé à ce stade de l’article) nous permet d’appréhender le doigt DGP avec beaucoup plus d’aisance qu’à l’accoutumée.
On peut s’entrainer à déplacer un doigté par rapport au temps, en décalant le début de celui-ci :
D G D D G D G G devient GDGDDGDG …. c’est le même doigté (le paradiddle) mais il commence à un autre endroit par rapport au temps. Cela crée donc une nouvelle phrase.
Et tout cela en se basant toujours sur la même technique et le même mouvement de base …
On peut aussi travailler l’inversion des doigtés en travaillant le miroir de ceux-ci :
DGG devient GDD
DGDDGG devient GDGGDD, etc…
Ce qui revient donc toujours à travailler la même logique d’un doigté mais en travaillant autrement sa latéralité.
On peut également s’amuser à jouer le paradiddle dans un autre débit que la croche ou la double croche, en triolets par exemple ou en sextolets ..
Bref, les possibilités sont infinies si on sait comment combiner ces 5 doigtés et comment varier l’orchestration.
La base de votre travail technique étant toujours la même base de 5 mouvement à intégrer à la perfection, mouvements et enchainements sur lesquels vous baserez le reste de votre apprentissage.
Si cet article vous a plu, venez me rendre visite sur mon blog batteur pro où je vous
révèle mes meilleures astuces de musicien professionnel, celles qui m’ont entre autre permis d’obtenir une victoire de la musique en 2014 auprès d’Ibrahim Maalouf.
Posez-moi vos questions dans les commentaires….
Merci à Xavier pour son approche hyper pragmatique ! 5 doigtés c’est quand même beaucoup moins exigeant que 40. Mais attention 😉 ! Ne surestimez pas le nombre d’heures que vous pouvez passez avec ces doigtés pour vraiment maitriser la batterie, Xavier en est l’exemple vivant !
Je pose ma première question à Xavier : Quid des “fla” ? Est-ce que tu les considères comme un doigté “en plus”?
Et n'oubliez pas de partager l'article ! 🙂
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Salut Magalie et Xavier,
Merci pour cet article. Comme d’habitude, les explications de Xavier sont très claires et elles simplifient la vie des apprentis batteurs comme moi !
Depuis le début de l’année, je parcours peu à peu les 40 rudiments de la P.A.S. et je découvre effectivement que c’est très copieux. En parallèle, j’essaie de leur trouver des applications pour des breaks ou des fills. Mais, il y a des doigtés que je n”utiliserais certainement jamais et dont l’utilité reste à prouver (qui utilise le roulement à triple coup ?).
En revanche, j’aimerais savoir comment tu considères les ras et les flas ?
A+
FR[ed]C
FR[ed]C Articles récents..FR[ed]C et les 40 rudiments
Hello fred et Magalie.
Les flas et ra ne sont pas pour moi des doigtés de base.
Ce sont plutôt des effets sonores que des doigtés pouvant s’inscrire dans cette logique de transformation / déplacement rythmique ou mélodique sur l’instrument. Ils ne tombent donc pas dans la même catégorie.
Ils font partie de la liste des 40 rudiments car cette liste est basée sur la technique d’apprentissage de la caisse claire datant du début du siècle, voir même antérieurement.
Hors, sans ra ou fla , on se prive de pas mal d’effets intéressants sur une caisse claire, mais qui sont moins importants ( pas inutile, loin de la) que les doigtés que j’ai décrit dans l’article. Ra et flas sont des techniques difficiles qui ne devraient être appréhendés que lorsque la base du rebond en coups doublés et les autres doigtés de 3 et 5 ont été digéré. Le Dd Gg avec rebonds est de loin la technique la plus importante, et en la développant , on se prépare aux ras et aux flas.
Cela ne fait que quelques années que j’utilise les flas dans mon jeu de batterie, ce qui apporte un plus inévitable, mais qui n’est clairement pas à recommander lorsque l’on est débutant….du moins pas sans un encadrement….
La difficulté des flas n’est pas tant le fla en soit, mais le fait de devoir l’enchainer avec d’autres doigtés qui du coup demandent de maitriser des techniques encore plus avancées. Dg G D G le frisé de 4 commençant par un fla requiert à lui seul de devoir jouer un coup doublé en rebond à la main gauche … loin d’être évident…
Xavier Articles récents..12/8 africain avec le double paradiddle
argl, parce que les “flas” sont quand même souvent utilisé dans la musique rock poru accentuer des coups, notamment dans des fills un peu simples …
de là à les intégrer dans des fills plus travailler, ça n’est pas la même chose effectivement !
bonjour,
belle analyse de l’approche de la batterie
j’ai 70ans ,et j’aurais aimé avoir une telle approche à mes débuts
j’aurais certainement approché les grooves d’une autre façon!!!
et être à un meilleur niveau
merci à des personnes comme vous pour vos efforts de pédago..
jean luc